Né à Nantes, le romancier et essayiste Michel Chaillou (1930-2013) s'est fait connaître avec Jonathamour (1968) et Collège Vaserman (1970). En 1976, Le Sentiment géographique paraît dans la collection du Chemin, révélant au public un arpenteur exceptionnel de paysages littéraires. Suivront les voyages de La France fugitive (1998), de La Fuite en Égypte (2011) d'inspiration autobiographique. Plus de trente ouvrages, dont le dernier a paru quelques jours avant sa disparition en décembre 2013, ont valu à Michel Chaillou le Grand Prix de Littérature de l'Académie française en 2007 et une place singulière dans la production littéraire contemporaine.
Ce premier livre sur l'oeuvre de Michel Chaillou réunit des études placées sous le signe des voix. Elles sont au principe de son écriture (qui fut aussi radiophonique), depuis l'écho des voix ancestrales (récits de filiation) jusqu'aux inflexions vocales du sujet. Le lecteur ou chercheur désireux de connaître l'oeuvre trouvera également ici une présentation du Fonds Chaillou à la Bibliothèque nationale de France et une bibliographie.
Péguy fait partie de l'une des dernières générations à avoir fréquenté la classe de Rhétorique. S'il s'est révolté contre le formalisme et ses exercices vains, il a souvent affirmé, en ancien boursier, son idéal des humanités pour tous. A l'art de penser de parler, cette discipline alliait un imaginaire humaniste et politique. Or la situation de Péguy est d'autant plus intéressante qu'il était contemporain des réformes de l'enseignement et des recherches modernes sur le style. Lui aussi s'est interrogé surce qu'est un style singulier, subvertissant le goût classique prédominant à l'école, autant que les méthodes positivistes. Dans sa prose torrentielle, l'éloquence apparaît à la fois comme l'ennemie et le vecteur de l'expressivité. A quelle rhétorique pers onnelle Péguy est-il ainsi parenu, entre contemplation spirituelle et pamphlet? Cet ouvrage propose un parours allant de la formation scolaire de l'auteur à l'examen des dispositifs d'argumentation à l'oeuvre dans ses Cahiers de la quinzaine. La puissance littéraire des Cahiers signés Péguy tient à l'unité assumée entre les raisons et les passions. Les preuves les plus conventionnelles comme les plus périlleuses deviennent les épreuves de l'auteur, de sa pensée, son lecteur.
Quelle est la relation de l'écrivain avec son école ? Dans son ambivalence (acception et rejet) peut se lire le caractère fondateur de l'expérience scolaire : que celle-ci soit positive ou négative, elle contribue à construire l'identité de l'écrivain, sa posture, et éclaire pour partie son imaginaire. L'Ecole a un pouvoir d'engendrement de formes, de textes, de thèmes, que l'on songe à la rhétorique, à la grammaire, à des pratiques d'écriture. Questionner ce lien matriciel à l'origine de fictions, de styles, de genres, tel est le projet de ce livre : qu'est-ce que la littérature doit à l'école ? Pour répondre à cette question, les contributions réunies dans ce volume, analysent itinéraires, positions ou oeuvres de Barrès, Proust, Péguy, Guilloux, Colette, Nizan, Memmi...
Qu'il soit écouté ou non, le discours de la supplication se prête par excellence à une analyse des actes de langage mettant en évidence l'articulation entre les mots (acte locutoire), l'acte (illocutoire) et les effets de la parole (perlocutoire). Parole exceptionnelle, la supplication se prête ainsi à des études rhétoriques, pragmatiques, mais aussi à une réflexion sur l'esthétique et la dramaturgie.
Avec le soutien de l'université d'Angers.