Le Bronx, 1945. Par une moite après-midi d'août, un gamin dont la famille a fui le nazisme écoute la radio. Surgit la voix du président Truman : une seule bombe, « atomique », a rasé Hiroshima. « Le plus grand succès de la science organisée de toute l'histoire. » De cet événement, le petit garçon retiendra notamment la photo d'une absence?: un homme retiré de son ombre par la déflagration. Adulte, le gamin deviendra physicien : ancien directeur de laboratoire au CNRS, Harry Bernas est aujourd'hui un scientifique reconnu dans le domaine des nanosciences, et son histoire n'a cessé de croiser celle de la science nucléaire. Jusqu'à Fukushima. Fruit d'un programme nucléaire ayant occulté les risques d'un tsunami pourtant documentés, le drame de 2011 a agi comme un révélateur de la cécité volontaire des hommes sur les conséquences de leurs choix techniques et sociaux. Dans ce captivant récit qui entremêle souvenirs personnels et réflexions scientifiques, Harry Bernas tente de comprendre d'où vient cet aveuglement délibéré. Lucidement, mais sans aucun fatalisme, il met au jour comment, du projet Manhattan aux réacteurs GEN-IV en passant par la politique « Atomes pour la paix » d'Eisenhower, on en est venu à modifier insensiblement la finalité même de la science, dont l'objet ne consiste plus à connaître le monde, mais à la rendre perméable au pouvoir. Ou comment Newton et Einstein ont été supplantés par Jeff Bezos et Elon Musk. Nous pensions vivre paisiblement sur l'île au Bonheur. En japonais, « île au Bonheur » se dit Fukushima... Traduction de Nancy Huston
Version anglaise de «L'homme semence» de Violette Ailhaud traduit par Nancy Huston.
En 1852, Violette Ailhaud est en âge de se marier quand son village des Basses-Alpes est brutalement privé de tous ses hommes par la répression qui suit le soulèvement républicain de décembre 1851. Deux ans passent dans un isolement total. Entre femmes, serment est fait que si un homme vient, il sera leur mari commun, afin que la vie continue dans le ventre de chacune.
«It came from the farthest depths of the valley. Long before it forded the river, long before its shadow interrupted the gleam of water between sandbars like a slow blink, we knew it was a man. Our empty, husbandless women's bodies had started thrumming in a way there was no mistaking. In unison, our exhausted arms left off stacking hay. Glancing at one another, each and all of us remembered our oath. We grasped hands, squeezing each other's hands so hard that our knuckles fairly snapped - our dream, icy with fear and burning with desire, had been set into motion.» Postface de l'historien Jean-Marie Guillon de l'université de Provence, membre de l'association 1851.
Édité sous forme d'un petit livre, ce texte a touché de nombreuses personnes grâce à un bouche-à-oreille qui n'a cessé de s'amplifier. Parmi les lecteurs, un certain nombre d'artistes ont mis leur art au service du témoignage de Violette Ailhaud. Le théâtre, la danse, le conte, la lecture, la gravure, le cinéma et la bande dessinée ont formé une ronde d'interprétations qui permet à ce texte universel de faire le tour de la Terre.
« L'homme semence » a également été traduit et édité en allemand, en italien, en suédois, en espagnol, en néerlandais, en anglais et en occitan provençal. Le film de Marine Francen, « Le Semeur », est sorti le 15 novembre 2017.
Ce n'est pas de jalousie amoureuse qu'il s'agit dans ces "chants" du romancier suédois Göran Tunström.
Il s'agit des affres d'un homme qui observe, envie, imite et convoite. la folie de sa femme. On pense au couple de Zelda et Scott Fitzgerald, qui a nagé dans ces mêmes eaux troubles dans les années 1930. Ici et là, un homme écrivain est à la fois accablé et fasciné par l'univers auquel accède son épouse grâce à la psychose ; ici et là, la femme est elle-même artiste et se rebiffe de voir sa souffrance phagocytée par un autre ; ici et là, l'homme commence dans la maîtrise mais se trouve peu à peu happé lui-même par le malheur.
Il s'agit donc d'une expérience unique et bouleversante : une véritable traversée de l'enfer par un couple qui s'aime, s'entre-déchire, manque naufrager, et finit par s'en sortir. Dante les accompagne. N. H.
À travers ces nouvelles traduites par Nancy Huston et considérées par Virginia Woolf comme un «couloir» menant du roman "Mrs Dalloway" à "Vers le phare", des invités ignorés de la soirée de Clarissa Dalloway entrent en scène. Orchestrant entre eux des rencontres subtilement dissonantes en marge de la mondanité, Virginia Woolf débusque avec une poésie insolite leur intimité.
Ancien correspondant de guerre et auteur de plusieurs essais, Chris Hedges «pense» ici son expérience des conflits armés en Amérique du Sud, dans les Balkans et au Moyen-Orient. Grâce à ses réflexions puissantes, saisissantes, il bouleverse nos idées préconçues et délivre une analyse profonde de l'attrait que la guerre peut exercer sur l'homme. Le sens qu'elle peut donner à la vie est une drogue dure. En relisant les classiques de la littérature sur la guerre et en critiquant ouvertement les positions et décisions de son pays, les États-Unis, Chris Hedges incite à enfin démasquer tous les mythes menant aux conflits armés.
Ann, une américaine du troisième âge, revient à Paris, en quête des traces de sa jeunesse et des souvenirs de sa famille disparue.
Mais le quartier juif où habitaient la tante Fany et les siens est devenu un quartier asiatique, et ses rencontres avec les rescapés - Jacques, le seul survivant de ses cousins lui reproche l'indifférence des Américains quant au sort des juifs - l'entraînent à rechercher son passé du côté de la mémoire. L'écriture ne s'assigne ici d'autre rôle que de raconter, efficacement, simplement, et d'apporter au lecteur un témoignage humain, personnel, intense et profond.
Avec sa tonalité autobiographique, ce livre traduit par Nancy Huston est poignant, comme l'inguérissable blessure de l'amour trahi et du remords de n'avoir rien fait pour aider en temps voulu ceux qui ont été emportés par l'abominable marée hitlérienne.