« C'est votre mère qui vous inquiète ?... Elle a les yeux ouverts ?... Vous pensez qu'elle respire, monsieur ?... Vous pouvez approcher le téléphone de sa bouche pour que j'entende, s'il vous plaît ?... » Toutes sirènes hurlantes, un camion blanc traverse alors la ville. Le SAMU, c'est l'hôpital qui se déplace. Qui intervient lorsque la vie soudainement s'échappe.
D'avril 2015 à février 2016, Maud Santini a suivi les équipes d'urgence. Avec ce récit, l'autrice décrypte les trames intimes qui se nouent entre urgentistes et patients. Elle explore ces grands espaces traversés par des femmes et des hommes qui travaillent sans cesse à repousser les limites de la mort et de la solitude.
«?Dans les pages qui suivent, j'ai reconnu ce qui fait que ce métier est pour moi un engagement et une passion, à l'opposé d'une médecine virtuelle, une médecine réellement imbriquée dans le monde, travaillée par lui.?».
Préface de Patrick Pelloux, médecin urgentiste au SAMU de Paris
Dans ce nouveau livre, Pascal Picq cherche à comprendre et à expliquer les causes du sort fait aux femmes dans les sociétés humaines modernes.
À la lumière des enseignements de l'anthropologie sur le temps long de l'évolution, il interroge le passé proche et familier de la modernité et fait ressortir à partir de quelques thèmes emblématiques - la Querelle des femmes, la chasse aux sorcières, les femmes tondues à la Libération - le difficile cheminement des femmes entre la sortie du Moyen Âge et l'époque contemporaine.
Pour Pascal Picq, la modernité n'a pas allégé le poids de la domination masculine en Occident. Au contraire, malgré l'humanisme, les Lumières, les sciences, les femmes semblent condamnées à un combat anthropologique sans fin pour l'égalité. Car la modernité a développé des formes idéologiques qui à la fois se revendiquent de la raison et s'appuient sur la nature supposée des femmes, les maintenant dans la sujétion des hommes du point de vue sexuel, économique, politique.
Un livre qui revisite l'histoire récente en intégrant la perspective anthropologique et en redonnant toute leur place aux femmes, un enjeu fondamental pour l'évolution de l'humanité en train de se faire.
«Désolée, chérie, je ne peux pas prendre tes enfants demain. J'ai une vie, moi aussi.»« Xinthia, comme prénom... ? Mais c'est une fille, un garçon, ou une voiture ?»«Écrire sur les murs, c'est l'éducation positive... OK, mais pas chez moi.»Vous vous retenez de dire ça à vos enfants ? Vous êtes une grand-mère 2.0.Entre les familles recomposées puis décomposées, celles qui s'installent à l'autre bout du monde, une vie encore très active, des jeunes mamans qui préfèrent les tutos en ligne à l'expérience de leur mère et des petits-enfants qui n'articulent plus... comment font les super mamies aujourd'hui ?Joëlle Goron et Delphine Apiou vous aident à trouver votre place de grand-mère déculpabilisée en vous révélant un tas d'astuces et de conseils pleins de bon sens, de tendresse et d'humour.
La modernité a divisé les animaux entre ceux qui sont dignes d'être protégés et aimés et ceux qui servent de matière première à l'industrie. Comment comprendre cette étrange partition entre amour protecteur et exploitation intensive ? Parce qu'elle précède cette alternative et continue de la troubler, la chasse offre un point d'observation exceptionnel pour interroger nos rapports contradictoires au vivant en pleine crise écologique.
À partir d'une enquête immersive menée deux années durant, non loin de Paris, aux confins du Perche, de la Beauce et des Yvelines, Charles Stépanoff documente l'érosion accélérée de la biodiversité rurale, l'éthique de ceux qui tuent pour se nourrir, les îlots de résistance aux politiques de modernisation, ainsi que les combats récents opposant militants animalistes et adeptes de la chasse à courre. Explorant les cosmologies populaires anciennes et les rituels néosauvages honorant le gibier, l'anthropologue fait apparaître la figure du « prédateur empathique » et les rapports paradoxaux entre chasse, protection et compassion. Dans une approche comparative de grande ampleur, il convoque préhistoire, histoire, philosophie et ethnologie des peuples chasseurs et dévoile les origines sauvages de la souveraineté politique.
Au fil d'une riche traversée, cet ouvrage éclaire d'un jour nouveau les fondements anthropologiques et écologiques de la violence exercée sur le vivant. Et, en questionnant la hiérarchie morale singulière qu'elle engendre aujourd'hui, il donne à notre regard sensible une autre profondeur de champ.
« Si les outils ne sont pas dès maintenant soumis à un contrôle politique, la coopération des bureaucrates du bien-être et des bureaucrates de l'idéologie nous fera crever de «bonheur». La liberté et la dignité de l'être humain continueront à se dégrader, ainsi s'établira un asservissement sans précédent de l'homme à son outil. » Dénonçant la servitude née du productivisme, le gigantisme des outils, le culte de la croissance et de la réussite matérielle, Ivan Illich oppose à la « menace d'une apocalypse technocratique » la « vision d'une société conviviale ». Ce n'est que par la redécouverte de l'espace du bien-vivre et de la sobriété qu'Illich appelait la convivialité, que les sociétés s'humaniseront.
A travers les visages des siècles dans la peinture et les écrits philosophiques, David Le Breton mène l'histoire du visage, ce lieu central de notre communication, de l'invention du visage avec le miroir et la photographie à sa signification sociale. Il explore son ambivalence dans le face à face, le dévisager et le mauvais oeil. Ses paradoxes avec la ressemblance, la beauté et la laideur, le voilé, dévoilé et enfin ces dernières années le masque.
Il nous conduit à la réflexion ultime que l'un des caractères de la violence symbolique mise en place par le racisme consiste d'abord en la négation chez l'autre de son visage.
Une réflexion remise à jour par l'usage des masques des deux dernières années et les troubles qui en ont résulté.
Un parcours fascinant.
Pollution des rivières, virus du sida, trou d'ozone, robots à capteurs... Comment comprendre ces « objets » étranges qui envahissent notre monde ? Relèvent-ils de la nature ou de la culture ? Jusqu'ici, les choses étaient simples : aux scientifiques la gestion de la nature, aux politiques celle de la société. Mais ce traditionnel partage des tâches est impuissant à rendre compte de la prolifération des « hybrides ». D'où le sentiment d'effroi qu'ils procurent.
Et si nous avions fait fausse route ? En fait, notre société « moderne » n'a jamais fonctionné conformément au grand partage qui fonde son système de représentation du monde, opposant radicalement la nature d'un côté, la culture de l'autre. Dans la pratique, les modernes n'ont cessé de créer des objets hybrides qu'ils se refusent à penser. Nous n'avons donc jamais été vraiment modernes, et c'est ce paradigme fondateur qu'il nous faut remettre en cause.
Traduit dans plus de vingt langues, cet ouvrage, en modifiant la répartition traditionnelle entre la nature au singulier et les cultures au pluriel, a profondément renouvelé les débats en anthropologie. En offrant une alternative au postmodernisme, il a ouvert de nouveaux champs d'investigation et offert à l'écologie de nouvelles possibilités politiques.
Une nouvelle canicule s'abat sur Paris. Dans la nuit étouffante, toute l'existence de l'auteur est déboussolée par les effets de la crise climatique. Tous ses repères volent en éclats. Pour échapper à la chaleur, à ses vertiges et à ses interrogations, il tente de fuir, de s'isoler. Direction : Porquerolles. Mais sur ces terres idylliques, peut-on échapper à la réalité de l'Anthropocène ?
Cette enquête auto-ethnographique sur les questions philosophiques et sociologiques que soulève un monde abîmé par le climat, est écrite comme un récit de voyage fictionnel à partir des expériences, rencontres, émotions et pensées de l'auteur sur quelques jours.
Depuis toujours, les hommes et les femmes ont, plus ou moins consciemment, senti que le parfum égalait la voix et que cette alliance les conduisait au sacré, à l'extase, mystique, amoureuse.
L'accord du parfum et de la voix est omniprésent dans notre patrimoine culturel, des traditions religieuses anciennes aux nombreuses oeuvres littéraires, sans que nous en ayons conscience. Est-il le fruit d'une imagination stimulée par une sensibilité olfactive exceptionnelle ou repose-t-il sur des bases plus secrètes ?
Longtemps négligées, les correspondances entre le parfum et la voix recèlent, par leur mystère, la richesse de leurs nuances, d'étonnantes potentialités neuroscientifiques, thérapeutiques ou même artistiques.
Annick Le Guérer et Bruno Fourn nous ouvrent les portes de ce monde méconnu et fascinant. La rencontre du parfum et de la voix nous incitera-t-elle à réapprendre à sentir et à entendre, à déployer notre attention sensorielle ?
Un voyage passionnant au coeur de notre sensibilité aux parfums et aux voix.
Françoise Héritier est partie d'un constat : le petit nombre des types terminologiques existant en matière de parenté dans les sociétés les plus diverses. Elle a cherché à mettre en évidence les lois qui les fondent à travers les notions d'identité et de différence sexuelle.
De l'identité et de la différence en matière de sexe dérivent des combinaisons logiques qui rendent compte non seulement des terminologies, mais également des structures d'alliance.
À partir du cas des Samo de Haute-Volta, l'auteur démontre l'existence de stratégies matrimoniales particulières des consanguins selon qu'ils sont de même sexe ou de sexe différent, et interroge la transposition de ce modèle à d'autres sociétés, dont la nôtre.
Grâce à ses expériences de terrain en tant qu'ethnologue des communautés d'éleveurs de rennes de Laponie, et avec l'aide de bon nombre de philosophes et d'anthropologues (Martin Heidegger, Gregory Bateson, Gilles Deleuze, Jakob von Uexküll, James Gibson, Charles Darwin, etc.), Tim Ingold déploie dans cette anthologie les lignes d'une pensée originale délimitant les territoires de l'évolution biologique et culturelle, les environnements humains et non humains, les royaumes de la pensée et de l'action, ainsi que les discours rivaux de l'art et de la science.
De la poétique de l'habiter à l'écologie du sensible, Tim Ingold plaide pour une réconciliation entre les projets de la science naturelle et ceux de l'éthique environnementale, pour un retour aux sources de l'anthropologie.
Considéré comme un des grands anthropologues français du XXe siècle, Philippe Descola réalise son premier terrain en Amazonie. En ethnographe, il vit des années durant au sein de la tribu des Jivaros Achuar, et observe les relations que ces Amérindiens entretiennent avec les êtres de la nature. En ethnologue, il montre que l'opposition traditionnellement établie en Occident entre nature et culture ne se vérifie pas chez les Achuar, qui attribuent des caractéristiques humaines à la nature. En anthropologue enfin, il définit quatre modes de rapport au monde que sont le totémisme, l'animisme, le naturalisme et l'analogisme permettant de rendre compte des relations de l'homme à son environnement.
En un texte clair et didactique, Philippe Descola nous restitue les grandes étapes de son parcours et nous introduit de manière vivante à la pratique de l'anthropologie et à une « écologie des relations ».
Avec une rigueur méticuleuse doublée d'une légèreté rafraîchissante, Juliette Cazes se lance dans un tour du monde des corps conservés, qu'il s'agisse de processus naturels ou réalisés de main humaine... Des célèbres momies égyptiennes, aux têtes réduites d'Amazonie, de la pratique de l'auto-momification de certains moines japonais, aux corps retrouvés conservés par la glace au Groenland, l'autrice nous invite à découvrir les histoires variées de ces momies dont le repos éternel ne manque pas de rebondissements !
Au commencement, disent les anciens Égyptiens, le bourdonnement de l'abeille née des larmes du dieu solaire Rê s'éleva au-dessus des eaux primordiales du Nil, et cette vibration dans l'air serait à l'origine du monde... Saviez-vous que des peintures rupestres espagnoles vieilles de 18 000 ans montrent que le miel sauvage était récolté dès la Préhistoire, au péril de leur vie, par les premiers hommes ? Que les scènes d'apiculture découvertes dans le temple de Niouserrê en Basse-Égypte témoignent de l'existence de ruches domestiques au moins 2 000 avant J.-C. ? Qu'à l'Âge du bronze, le perfectionnement de la métallurgie qui a permis aux empires de prospérer doit beaucoup à la pratique de la cire perdue, un autre produit de la ruche ? Que la première boisson fermentée alcoolisée que l'être humain a fabriquée est l'hydromel ? Qu'Hippocrate préconisait à ses patients de boire du vinaigre mélangé à du miel (oxymel) pour soigner les rhumes, la toux, et apaiser la douleur ? Remontant le cours du temps dans le sillage de ces petites butineuses sur tous les continents, Marie-Claire Frédéric nous montre que l'histoire des civilisations humaines est indissociable de celle des abeilles et de leur précieux nectar, et que leur destin est, aujourd'hui plus que jamais, lié à la préservation de notre planète.
Où en sommes-nous ?
De l'émergence d'homo sapiens à nos jours, cette brève histoire de l'humanité est tournée vers l'intelligence du monde tel qu'il se recompose sous nos yeux.
Or, c'est dans les profondeurs les moins conscientes de la vie sociale que gît l'explication de ce qui nous apparaît aujourd'hui comme le grand désordre du monde.
Il faut saisir la dynamique de longue durée des systèmes familiaux, l'articulation de ces systèmes avec la religion et l'idéologie, explorer les ruptures induites par le progrès éducatif pour comprendre la divergence des nations avancées : le paradoxe d'un homo americanus simultanément innovateur et archaïque, le phénomène Trump, le manque de réalisme allemand et chinois, l'efficacité russe, la renonciation japonaise, les récentes métamorphoses de l'Europe et le Brexit.
Cette revisitation magistrale de l'histoire de l'humanité nous permet finalement d'apercevoir avec lucidité ce qui nous attend demain.
La contribution des peuples amérindiens à notre histoire collective est inestimable. Techniques agricoles et nouvelles habitudes alimentaires (plus de la moitié des aliments consommés aujourd'hui viennent des Amériques), modes de gouvernement et pharmacologie moderne (dont l'usage de la quinine et de l'aspirine), développement économique et systèmes de pensée (ne serait-ce que par l'inspiration que Montesquieu, Rousseau et Marx ont puisée dans les sociétés indiennes) : ce livre fondamental, en dévoilant tout ce qu'ils nous ont apporté, bouleverse notre vision du monde et nous rappelle, plus de cinq siècles après Christophe Colomb, que l'Amérique reste à découvrir.Professeur d'anthropologie, Jack Weatherford a enseigné à l'université de Californie à San Diego, l'université Duke et l'université de Caroline du Sud.
Comment expliquer les ressemblances troublantes que l'on observe entre des mythes dont l'aire de répartition fait parfois le tour de la Terre, alors même que les populations auprès desquelles ils ont été recueillis, distantes dans l'espace ou dans le temps, n'ont pu se côtoyer ? Se pourrait-il que cet air de famille relève non de convergences fortuites mais de véritables liens de parenté unissant des récits transmis de génération en génération au fil du peuplement humain de la planète ? En empruntant aux biologistes de l'évolution leurs méthodes statistiques de classification des espèces du vivant sous forme d'arbres phylogénétiques, cet ouvrage novateur entreprend d'étayer de manière rigoureuse une intuition fondatrice de la mythologie comparée.
De Polyphème à la Femme-Oiseau et à la Ménagère mystérieuse, en passant par le Plongeon cosmogonique, le Soleil volé et les mythes de matriarchie primitive, Julien d'Huy montre comment des récits apparemment disjoints les uns des autres se ramifient autour de troncs communs, qui s'enracinent dans les profondeurs de la Préhistoire. Suivant leur évolution, ponctuée d'altérations, d'emprunts et d'oublis, au gré des pérégrinations de notre espèce, il retrace la généalogie de grandes familles de mythes qui se sont propagées depuis des temps immémoriaux.
Mais la reconstitution de ce processus de transmission d'un patrimoine mythologique ouvre une perspective plus vertigineuse encore : reconstruire les protorécits dont les versions documentées sont issues ; autrement dit, faire à nouveau résonner les premiers mythes de l'humanité et appréhender la vision à travers laquelle nos lointains ancêtres donnaient sens au monde qui était le leur.
De la possession rituelle et du chamanisme à la Silicon Valley, l'anthropologie élargit aujourd'hui son champ d'observation. Elle réinterroge ses concepts et ses méthodes pour appréhender la complexité de notre monde contemporain en proie aux mouvements contradictoires d'une prolifération des diversités et d'une abolition des barrières. Cet ouvrage nous propose de suivre le travail de l'anthropologue, du choix d'un champ d'étude à l'écriture du résultat de recherches, en passant par les principales hypothèses théoriques de sa discipline, l'enquête de terrain, les concepts qu'il peut utiliser.
D'où vient cet attrait des êtres humains pour l'océan?? Comment expliquer que les distinctions entre Homo et les autres mammifères terrestres constituent des points communs avec certains mammifères marins?? La plupart de nos ancêtres avaient-ils un accès facile a la chaîne alimentaire marine?? Quel a été le rôle d'«?Homo Navigator?» dans la colonisation de l'ensemble de la planète??
Pour Michel Odent, étudiant interdisciplinaire en nature humaine, l'évolution des océans et des humains sont des sujets indissociables.
Homo est présenté comme un membre de la famille des chimpanzés doué d'un cerveau surdimensionné et, en particulier, d'un puissant « nouveau cerveau » (le néocortex). Le néocortex a d'abord été considéré comme un outil au service de fonctions physiologiques vitales, en apportant des informations sur l'espace et le temps, et en facilitant la communication. Dans un contexte scientifique renouvelé il devient essentiel de réaliser que l'activité néocorticale peut aussi affaiblir ou neutraliser certaines fonctions physiologiques : le concept d'« inhibition néocorticale » est en train de devenir une clé pour comprendre la complexité de la nature humaine.
C'est ainsi que l'auteur en arrive à ne pas dissocier les études du sens de l'odorat, de l'accouchement, des comportements natatoires et des états émotionnels transcendants !
L'homme est un singe social, qui a vécu pendant la plus grande partie de son histoire en petites tribus de quelques dizaines d'hommes et de femmes.
Au cours des dix mille dernières années - une fraction de seconde à l'échelle de l'humanité - nous nous sommes retrouvés propulsés dans un monde complexe où nous sommes devenus sédentaires ; nous avons inventé l'agriculture, créé des lois, institué le mariage et la famille, imaginé la propriété, l'argent et le commerce.
Mais en nous éloignant de notre nature de chasseur-cueilleur, qu'avons-nous gagné ?
Ce panorama passionnant de l'histoire de l'humanité retrace les étapes et les progrès majeurs qui ont façonné notre mode de vie, et qui nous ont progressivement menés de l'état de nature au monde moderne.
Ce grand récit de notre évolution nous incite à nous interroger sur les conséquences de ce basculement vers la modernité.
Un retour aux racines de notre humanité pour mieux comprendre les crises que traverse notre monde.
Née institutionnellement avec les empires coloniaux et l'avènement des nationalismes, l'anthropologie n'a eu de cesse de se chercher : sur quel fil tirer pour comprendre la diversité des moeurs, des sociétés et des cultures humaines ? Sur celui de l'histoire naturelle, celui des sciences physiques, des sciences de l'esprit, des sciences politiques ou économiques ?
Alimentées par les ethnographes, les idées de l'anthropologie ont acquis leur autonomie en isolant des objets favorables à leur déploiement comme bases de comparaison entre les cultures et les sociétés, et bien souvent, entre les Autres et Nous.
Si aujourd'hui ces objets se renouvellent, c'est que le tableau de l'altérité politique et culturelle du monde a changé depuis la seconde moitié du xxe siècle. C'est pourquoi il nous a semblé important de faire le point sur cette discipline finalement mal connue, mais pourtant si fondamentale. Sont abordés les grands courants (le fonctionnalisme, le structuralisme, mais aussi l'écologie culturelle et la psychologie évolutionniste...) et les objets classiques (la parenté, les arts, la langue...) de l'anthropologie, incarnés par des chercheurs tels que Marcel Mauss, Claude Lévi-Strauss, Alfred Radcliffe-Brown, Margaret Mead, Françoise Héritier, Philippe Descola... mais aussi son actualité qui en fait le grand atout de cet ouvrage. Sont ainsi traités les nouveaux sujets de prédilection de l'anthropologie ancrée dans notre présent : le tourisme, l'activité scientifique, les rites politiques et mémoriels, ou bien encore des sujets brûlants comme l'intelligence artificielle et les migrations.
En quoi consiste l'inceste?? Est-il l'objet d'une prohibition universelle?? Cette interdiction concerne-t-elle les seules parentés «?biologiques?» ou s'étend-elle aux diverses parentés «?sociales?», comme celles qui se tissent aujourd'hui dans les familles dites recomposées mais qui existent aussi dans beaucoup d'autres sociétés??
Cette prohibition joue un rôle fondamental dans le fonctionnement des multiples systèmes de parenté étudiés de par le monde. Mais d'où vient-elle?? Peut-on penser, avec Claude Lévi-Strauss, que l'interdit de l'inceste marque à lui seul le passage de la nature à la culture?? Et comment comprendre, alors, la tension persistante entre l'interdit proclamé, institutionnalisé, et la pratique incestueuse qui, partout, demeure??
Voyage dans l'espace et dans le temps, cette réflexion met en évidence un fait essentiel, le caractère spontanément asocial et indifférencié de la sexualité humaine et la nécessité d'une régulation sociale de cette spontanéité. Il met ainsi en lumière les principaux enseignements de l'anthropologie sur la question de l'inceste, fait social majeur et aujourd'hui d'une actualité brûlante.
Bien connu pour son oeuvre d'historien des religions, Mircea Eliade a été fasciné toute sa vie par l'alchimie. Ce livre en témoigne : il y montre que l'alchimie n'est pas une préfiguration moyenâgeuse de la chimie, vouée aux ténèbres de l'histoire, mais un phénomène culturel positif et digne d' attention.
L'alchimie s'enracine dans les croyances des sociétés traditionnelles, où les substances minérales revêtent un caractère sacré. Les minerais, tels des embryons, «croissent» dans le ventre de la Terre ; le fer issu des météorites a une dimension magique parce qu'il provient du ciel... En travaillant la matière, le forgeron, comme l'alchimiste, collabore au dessein secret de la Nature : il accomplit un rituel qui révèle le sens caché de l'univers.
Explorant les mythes africains, grecs, indiens ou chinois, Eliade considère que l'expérience du sacré est universelle et constitutive de l'humain : elle est ce qui donne au monde sa signification. À cet égard, Forgerons et alchimistes constitue une excellente introduction à la pensée et aux travaux de ce grand érudit.