Porté aux nues par les plus grands - d'Octavio Paz à Roman Jakobson et António Tabucchi -, Pessoa compte aujourd'hui, avec un Rilke, un Joyce ou un Kafka, comme l'un des sommets de la culture européenne de ce siècle.
Ce premier volume des proses publiées de son vivant par l'auteur réunit, parmi d'autres, certains des textes dont le style provocateur lui valut d'être remercié par les rédacteurs des journaux où ils furent publiés. Pessoa y soutenait « le contradictoire comme thérapeutique de libération », allant jusqu'à prétendre qu'« une créature de nerfs modernes, d'intelligence sans niveaux et de sensibilité éraillée a l'obligation cérébrale de changer d'opinion et de certitude plusieurs fois dans la même journée ».
Pour Pessoa, écrire, c'est comme fabriquer une bombe : il entoure sa dynamite d'une enveloppe de raisonnement, il lui met une traînée de poudre d'humour. Au lecteur d'allumer la mèche !
Jane Austen, Charlotte et Emily Brontë, Katherine Mansfield et Dorothy Richardson osèrent tour à tour entrer en un jardin interdit, afin de cueillir à l'arbre de la connaissance les fruits étranges et brillants de l'art.
Leurs oeuvres offrent, telle la grenade, sous une écorce parfois âpre, une chair douce et succulente emprisonnant en grains transparents la quintessence même de la vie ensoleillée, la substance sublimée de l'expérience.
Les essais réunis en ce recueil attestent qu'outre une grande romancière, Virginia Woolf fut aussi la plus brillante des pamphlétaires et la lectrice idéale de toutes celles qui cherchèrent un autre phrasé plus androgyne que féminin.
Quelles sont les vertus « ordinaires » de nos vies, celles qui passent souvent inaperçues à notre manière d'être sensibles surtout à des gestes marquants ? Carlo Ossola nous les rappelle, vertus pour soi et pour les autres, vertus minimes et communes qui fondent et mesurent l'homme et la société.
Douze de ces qualités quotidiennes, Les vertus communes, ont paru aux Belles Lettres en 2019. Dans les détresses publiques de ces dernières années, poursuivant sa réflexion, il lui a paru nécessaire de mieux distinguer les exercices qui servent à nous former et les conduites à adopter avec les autres ; entre le corps de la société et notre corps subsistent des lacis qui peuvent nous fortifier ou nous étouffer : la vie simple est la manière directe de dégager le « propre » de notre agir.
« J'ai vu peu à peu se dessiner et s'imposer à mon esprit une sorte de retable, en forme de triptyque déployé en désordre : à gauche, les deux épopées antiques revisitées ; au centre, un vaste paysage français représentant deux « siècles » successifs qui finissent par se fracasser l'un l'autre, l'un au nom de la gloire, l'autre au nom du bonheur. À droite, les deux romans, tous deux russes, qui se portent le mieux témoins de la guerre moderne et contemporaine, prévue et théorisée par le prussien Clausewitz, mais préparée en France dans les deux derniers siècles Bourbon, par des philosophes, théoriciens militaires, mais aussi par des peintres, sculpteurs et graveurs divorcés des délices « rocaille », tenues désormais pour incompatibles avec la vertu, le patriotisme et la liberté de citoyens « à l'antique ». Mais commençons par le milieu du triptyque, avant de ramener l'oeil intérieur du lecteur du côté de l'Antique, puis du côté de la modernité industrielle, manoeuvre opérée avec la liberté et la vitesse de livres que l'on retire sur l'étagère de la bibliothèque, où ils se trouvent juxtaposés sans tenir compte de l'ordre chronologique de leur parution. ».
M. F.
Dans ces échappées politiques et littéraires d'Homère à Grossman, Marc Fumaroli (1932-2020) nous convie à une méditation historique sur la paix et la guerre en Europe. Magistral essai posthume, Dans ma bibliothèque propose un nouveau « regard sur le monde actuel » tout aussi lucide et désillusionné que celui de Paul Valéry et où la sûreté du savoir est servie par toutes les ressources de l'éloquence.
Au début de l'année 1920, Friderike von Winternitz, une jeune et talentueuse romancière, devient l'épouse de Stefan Zweig, qu'elle connaît depuis 1912. C'est en femme résolue, aimante et « forte », comme elle le dit dans une des lettres qui précèdent leur mariage, qu'elle décide de l'assister dans sa vocation littéraire, mettant de côté sa propre carrière.
Jusqu'au début de l'année 1934, le couple et leurs filles vivent à Salzbourg puis leurs chemins se séparent : Stefan part vivre à Londres, où il tombe amoureux de sa secrétaire Lotte Altmann, tandis que Friderike reste en Allemagne. Après l'Anschluss, en 1938, le romancier divorce de Friderike, et au début de la guerre, se marie avec Lotte. Il n'en poursuit pas moins, jusqu'à son suicide à Rio en 1942, sa correspondance avec Friderike, lui confiant ses derniers tourments.
Au fil de cette abondante correspondance, la passion se mue en estime affectueuse. On y suit l'écrivain, de l'univers en décomposition du Monde d'hier, lieu de ses succès de jeunesse (cette Mitteleuropa dont il gardera toujours la nostalgie), aux années d'errance à travers une Europe ravagée par la barbarie nazie. La dernière lettre de Zweig à Friderike est écrite quelques heures avant son suicide : « Je suis certain que tu verras des temps meilleurs et tu me donneras raison de n'avoir pas pu attendre plus longtemps avec ma bile noire. »
Des lettres de condoléances ? Ce qui change tout et permet d'en faire un livre, c'est qu'un grand poète les a écrites et a trouvé les mots pour nous aider à assumer un deuil - peut-être qu'on ne s'y attendait pas de sa part. Et même s'il écrit qu'il trouve le mot consolation un peu léger, on osera dire que ses lettres font du bien et sont tout simplement consolantes. D'autant plus que nous avons parfois l'impression qu'il nous connaît et s'adresse à nous.
Le Guardian a fait l'éloge de ce livre à sa sortie en Angleterre, disant que c'était un trésor. Le mot est juste. Cette écriture chargée d'une humanité généreuse et réconfortante, nous prouve que l'on n'est plus dominé par les idées les plus noires dès lors qu'on les décrit, les consigne, les analyse, les enrichit philosophiquement - l'écrivain, dans ses pages, et nous, dans notre cerveau, une fois qu'on les a décodées grâce à lui.
Le monde est imparfait. Pour le délivrer des fléaux qui l'accablent, deux théories s'affrontent. La première veut une transformation par l'extérieur, c'est-à-dire une révolution qu'imposeraient tous les moyens justifiés par cette fin. C'est la position du commissaire. A l'opposé, le yogi cherche une transformation par l'intérieur sans recours à la violence. L'histoire de l'humanité n'est qu'une perpétuelle oscillation entre ces deux pôles : rationalisme et mysticisme.
Arthur Koestler analyse avec brio ces dilemmes dans le premier des articles et essais qui composent le présent volume mais, en fait, chaque texte - qu'il soit placé sous le titre général de digressions, d'exhortations ou d'explorations - est dans son essence une protestation contre le régime des commissaires et un appel à la raison, au bon sens, au besoin de liberté qu'il y a en chacun de nous. Tous sont des textes de combat écrits entre 1940 et 1944. Tous portent aussi la marque d'une intelligence incisive qui refuse les pièges de la rhétorique. En dépit du passage du temps, la plupart des conclusions d'Arthur Koestler restent valables et, même pour qui les récuse, ce volume apporte le plaisir rare d'une lecture qui stimule la réflexion et aide à comprendre la « res politica ».
Ce livre est un petit voyage, une récréation instructive dans le monde du livre : son histoire, ses techniques, son langage, ses exploits, ses bizarreries, ses horreurs et ses merveilles. De page en page, d'une curiosité à l'autre, il vous transporte dans tous les pays du monde, à toutes les époques, sous tous les régimes et sous tous les cieux. Il vous fait visiter la bibliothèque du Titanic, celle du fils de Christophe Colomb ou celle du Général de Gaulle ; il évoque les boites vertes des bouquinistes de Paris, le « quartier latin » de Tokyo ; il donne la taille d'un format inoctavo, ou celle du plus petit livre du monde ; il montre le Bibliothécaire d'Arcimboldo et les livres jaunes de Van Gogh ; il parle aussi d'autodafés, de censures, de grimoires, de coquilles et de mystères. Tour à tour grave et léger, il passe du coq à l'âne, sans autre fil directeur que le livre et ses innombrables expressions dans la civilisation humaine. Mais au-delà de son apparence futile et désordonnée, ce condensé ludique de savoir et de culture pourrait prétendre à figurer dans toutes les bonnes bibliothèques.
Notre langage est devenu faible, accablé de néologismes et rongé par l'à-peu-près. En un mot : pauvre.
Notre langage va mal. Ainsi le monde que nous déchiffrons.
Comment sortir du chaos de l'approximation ?
Comment nous réapproprier nos mots ?
Songez que la plus simple marguerite contient en elle une perle, un rayon de lune et l'histoire d'un amour rarissime ; ou que le secret des confins, inaccessibles et inquiétants, est en réalité d'accueillir l'autre avec confiance.
Avec 99 mots, Andrea Marcolongo dessine un atlas étymologique et nous montre comment et pourquoi l'histoire de ces mots est une boussole précieuse pour qui voudra bien s'en munir.
Et si notre instinct de la langue et l'amour des étymologies donnaient le pouvoir de changer le monde ?
Les mélomanes regrettent que Jean-Sébastien Bach n'ait pas écrit d'opéra. À la lumière de son oeuvre, immense, et abordant tous les genres, on peut en effet se demander pourquoi. Mais faut-il le déplorer ? Qu'aurait donc pu être un opéra de Bach ?
Ce livre fait le point, et pose la question : le compositeur n'a-t-il pas fait mieux que tous les opéras de l'Europe de son temps ? Se poser la question, c'est déjà y répondre.
Quel est le point commun entre l'invention de la roue, Pompéi, le krach boursier de 1987, Harry Potter et Internet ? Pourquoi ne devrait-on jamais lire un journal ni courir pour attraper un train ? Que peuvent nous apprendre les amants de Catherine de Russie sur les probabilités ? Pourquoi les prévisionnistes sont-ils pratiquement tous des arnaqueurs ? Ce livre révèle tout des Cygnes Noirs, ces événements aléatoires, hautement improbables, qui jalonnent notre vie : ils ont un impact énorme, sont presque impossibles à prévoir, et pourtant, a posteriori, nous essayons toujours de leur trouver une explication rationnelle.
Dans cet ouvrage éclairant, plein d'esprit d'impertinence et bien souvent prophétique, Taleb nous exhorte à ne pas tenir compte des propos de certains "experts" , et nous montre comment cesser de tout prévoir ou comment tirer parti de l'incertitude. Edition augmentée de l'essai Force et fragilité.
Prise au piège de l'Histoire à l'orée de la Seconde Guerre mondiale, Rachel Bespaloff relit l'Iliade à la lumière des évènements contemporains. Scrutant la pensée grecque avant qu'elle ne devienne dialectique, elle y distingue une forme de pensée particulière, essentiellement éthique et proche de la pensée biblique. Elle la définit comme la science des moments de détresse totale où l'absence de choix dicte la décision. Mode particulier de pensée qui prévaut chaque fois que l'homme se heurte à lui-même à un tournant de son existence. Il n'en resterait pas de traces s'il n'y avait la poésie pour en témoigner.
Précédé d'une introduction de Monique Jutrin, le texte de De l'Iliade est accompagné de deux articles de la même époque, L'humanisme de Péguy et Le monde du condamné à mort de Camus ainsi que d'un inédit : Les deux Andromaques.
La période de modernisation de Meiji implique des bouleversements institutionnels mais aussi éducatifs et sociétaux, dans un contexte où le Japon se sent menacé par les puissances occidentales, qui l'ont forcé à s'ouvrir et à signer des traités inégaux. Dès ses jeunes années, Fukuzawa affiche sa préoccupation concernant la place des femmes dans la société et il poursuit toute sa vie un débat qui a agité les intellectuels dans les années 1870, prenant le contre-pied de la morale confucianiste de l'époque. Pour cela, il démonte patiemment, texte après texte, un manuel de morale réservé aux jeunes filles en vue de les préparer au mariage et intitulé La Grande étude des femmes. Dans un style direct et souvent percutant, il insiste sur la nécessité d'éduquer les jeunes filles et de respecter les femmes, en premier lieu au sein du foyer. Ce sont ces textes que nous présentons ici, et le lecteur constatera que les idées maîtresses que Fukuzawa défend à la fin du dix-neuvième siècle sont encore d'une actualité criante dans le monde à notre époque.
L'objectif de ce livre est de vérifier dans quelle mesure nous avons compris quelque chose de travers, et si oui, comment redresser la barre.
Depuis longtemps déjà, la crise des humanités nous menace. Ou du moins, c'est ainsi qu'on en entend parler. Les spécialistes d'études classiques s'inquiètent de la logique marchande qui ferme départements et facultés, coupe dans les budgets, et réduit les effectifs. Certains tentent de répondre à des chiffres par des chiffres, et à un déficit de popularité par un gain de popularité.
L'hypothèse défendue ici est que les humanités auraient avantage à travailler sur les objets populaires actuels. Par « objets » je désigne des artefacts, des produits matériels d'activités humaines comme des textes, des tableaux, des sculptures, des partitions de musique, ou des téléphones mobiles. Par « populaires », j'entends ce qui relève de la culture dite de masse, comme la musique de variété, les séries télévisées, les transports publics, ou les produits de supermarché ; et par « actuel », je désigne ce qui se passe aujourd'hui d'un point de vue temporel.
Avec ce provocant paradoxe, Nassim Nicholas Taleb, l'auteur du best-seller Le Cygne Noir, nous offre un enseignement d'une portée révolutionnaire : comment non seulement surmonter les cataclysmes de notre temps - ces Cygnes Noirs qui fondent sur un homme, une culture, une civilisation, les bouleversent et les réduisent à néant -, mais en faire une source de bienfaits.
De même que le corps humain se renforce à mesure qu'il est soumis au stress et à l'effort, de même que les mouvements populaires grandissent lorsqu'ils sont réprimés, de même le vivant en général se développe d'autant mieux qu'il est confronté à des facteurs de désordre, de volatilité ou à quoi que ce soit à même de le troubler. Cette faculté à non seulement tirer profit du chaos mais à en avoir besoin pour devenir meilleur est « l'antifragile », à l'image de l'antique Hydre de Lerne dont les têtes se multipliaient à mesure qu'elles étaient coupées.
Riche, limpide et spirituel, promenant son lecteur dans les rues tonitruantes de Brooklyn, les chemins de la pensée antique, les dédales de l'affaire Kerviel, de la « gauche caviar » ou les méandres des neurosciences avec autant d'aisance et de légèreté profonde, ce livre, dont la science n'est jamais sans conscience, laisse une question en suspens : êtes-vous prêt à devenir antifragile ?
Ce VOLUME réunit cinq conférences, « L'éthique littéraire », « La méthode de la nature », « L'homme réformateur », « Le conservateur », et « Le jeune américain » prononcées par Emerson dans les années 1838-1844, au cours de cette première période sur laquelle, selon Henry James, repose sa renommée.
L'Étude de la poésie grecque fut rédigée par Schlegel en 1795 et parut en 1797. C'est un document de référence dans lequel son auteur tentait de parler d'une manière neuve de la civilisation hellénique dont Winckelmann avait montré la richesse pour les Modernes. Ce que ce dernier avait fait pour les arts plastiques, Schlegel se proposait de le faire pour les textes littéraires.
Face à la littérature grecque, qu'il qualifie d'objective, Schlegel analyse les lettres occidentales depuis la Renaissance qu'il place sous le double signe de la subjectivité et de la nouveauté.
Schlegel engage le dialogue avec Schiller et sa distinction entre poésie naïve et poésie sentimentale. Se dessinent ainsi les perspectives qu'il va traduire dans son roman Lucinde (1799) et la revue Athenäum. De ce point de vue, L'Étude de la poésie grecque est à l'origine de l'origine de la théorie du Romantisme.
On A PU DIRE qu'en demandant à un homme - ou à une femme - s'il préfère Tolstoï ou Dostoïevski, on peut « connaître le secret de son coeur ». Avec son érudition et sa verve coutumière, George Steiner explore ici les différences qui opposent le monde d'Anna Karénine et celui des Frères Karamazov. Ce sont deux interprétations du destin de l'homme, de l'avenir de l'Histoire et du mystère de Dieu que nous pouvons ainsi mieux comprendre. Car grâce au constant jaillissiment des idées de l'auteur de Langage et Silence, le lecteur se trouve comme forcé d'entrer dans un dialogue passionné avec des thèmes aussi éternels que fondamentaux.
LeS LIVRES INDISPENSABLES nous accablent avec plus de force encore que la mort de l'aimé. Ce qu'ils ont en commun, ce qui rattache les rares exemples profanes au canonique, c'est bel et bien leur statut de textes sacrés, de convocation et d'assignation à l'humanité. Ils nous appellent et nous mobilisent. le premier coup sur le crâne nous oblige à garder les yeux ouverts. » L'Iliade et l'Odyssée, la Bible, Péguy, Kafka, Husserl, Kierkegaard... George Steiner nous donne à lire ici quelques-uns de ces textes indispensables où notre culture contemporaine croise la tradition. C'est notre patrimoine qu'il nous transmet par ces lectures. Peutêtre pour faire de nous de véritables héritiers.
Il n'est pas question ici des grandes vertus héroïques qui demandent de l'abnégation et qui participent du sublime.
Les « vertus communes » concernent notre vie quotidienne, et leur vocabulaire est minime : ne pas peser sur la terre, s'en tenir à la discrétion de ne pas apparaître, à cette retenue pleine d'empressement qui est le centre de la vie sociale.
Carlo Ossola nous invite à parcourir un chemin de sagesse en faisant halte auprès de douze petites vertus : l'affabilité, la discrétion, la bonhomie, la franchise, la loyauté, la gratitude, la prévenance, l'urbanité, la mesure, la placidité, la constance, la générosité, qu'il est bon d'exercer chaque jour, au travail, dans la vie familiale, et avec nous-mêmes. Pour guider chacun à faire de sa vie ordinaire une vie heureuse.
Miraculeux équilibre entre le patrimoine et la modernité, Paris a toujours été considéré comme une des plus belles villes du monde. Mais depuis son élection à la mairie en 2014, Anne Hidalgo et son équipe mènent une politique systématique de destruction qui n'a guère d'équivalent dans l'histoire de France en temps de paix.
Le mobilier urbain qui faisait le charme et la réputation des rues parisiennes est soit enlevé, soit vandalisé, remplacé par des objets dont la laideur le dispute à l'insignifiance. La capitale souffre d'une saleté que l'on ne voit pas dans les autres grandes villes occidentales, et ses parcs et jardins sont pour la plupart à l'abandon. Une grande partie du budget est consacré à des actions qui défigurent l'espace public, tandis que le patrimoine - églises, fontaines, monuments publics... - n'est plus entretenu. Anne Hidalgo prétend mener une politique écologique, mais la réalité est tout autre : des constructions anarchiques font disparaître le tissu urbain ancien et de très nombreux espaces verts, densifiant encore davantage l'une des villes les plus denses au monde. La lutte nécessaire contre le tout automobile, menée sans réflexion ni plan d'ensemble, a abouti à une impossibilité de circuler qui porte gravement préjudice à l'activité économique sans réduire pour autant les nuisances pour les Parisiens.
Mal élue avec seulement 17 % des inscrits, la maire de Paris - désormais candidate à la présidentielle - croit avoir un blanc-seing pour mener cette politique, mais les habitants commencent à comprendre de quoi il retourne, et sont de plus en plus nombreux à s'opposer publiquement à ce qui n'est pas une « réinvention » de la ville - terme volontiers utilisé par Anne Hidalgo- mais bien plutôt une démolition méthodique.
Ce LIVRE est né comme un témoignage de la profonde amitié qui a lié George Steiner et Nuccio Ordine. Au cours d'une longue conversation destinée à être publiée le jour même de sa mort, le grand essayiste francoaméricain a confié au professeur italien ses réflexions les plus intimes concernant ses amis, ses amours, ses regrets, ses échecs et ses succès. Comme les quatre autres entretiens publiés du vivant de Steiner, cet entretien posthume contient quelques éléments autobiographiques et certains thèmes essentiels qui éclairent plusieurs aspects de la personnalité complexe de l'un des plus brillants intellectuels du XXe siècle.
Ira-t-on encore à l'opéra dans quelques années ? Si on a annoncé à maintes reprises la mort de l'art lyrique depuis quatre cents ans, tous les signaux sont désormais au rouge vif, avec la malédiction des coûts croissants, les tensions sur les finances publiques et sur le mécénat, les mises en scène ringardes ou avant-gardistes, la cancel culture et l'éloignement de la génération Z.
Dès avant la crise de la Covid-19, accélératrice de périls qui a entraîné à partir du printemps 2020 la fermeture des salles de spectacles, les menaces étaient déjà sérieuses et le pronostic sur l'état du patient très réservé.
Pourtant, l'art lyrique a les moyens de revenir au centre de la culture populaire. Des pistes existent et doivent être explorées sans tarder.