La mobilité du génie pascalien étonne. Créateur aux sept visages, il a été mathématicien, physicien, puis ingénieur. À partir de vingt-trois ans, ce scientifique se passionne pour la réflexion théologique. Il se fait pareillement théoricien des sciences et maître en rhétorique. Pour couronner tant de dons, un talent d'écrivain exceptionnel qui a fait admirer ses Pensées comme «fragments d'astres».
Dans un cahier intitulé Souvenirs de lecture, Jeanne Proust, la mère de Marcel Proust, relevait les réflexions, les maximes, les répliques dignes d'orner sa mémoire ou sa conversation. Ce florilège nous met en contact avec l'héritage intellectuel de l'auteur d'À la recherche du temps perdu.
Dans une série d'articles qu'il publie en 1916-1917 et reprend aussitôt en volume, Barrès insiste sur la manière dont les combattants de toute famille politique ou religieuse ont dépassé leurs querelles d'avant-guerre et sont animés par une force spirituelle qu'il tente de percer à jour.
Feydeau renouvelle le vaudeville par un moyen convenu, la répétition, et étourdit par une poétique et un style prévisibles. Merveille d'efficacité, le mécanisme dramatique programme pourtant sa propre déstabilisation. Le rire vise d'autres déviances répétitives: des personnages automatisés par les convenances, les crises d'hystérie ou les fantasmes ressassent des mots inopérants. Feydeau use ses procédés et met en doute les structures scientifiques, sociales, mentales et langagières de la Belle Époque.
L'édition de L'Esprit des lois de Robert Derathé, parue en 1973, est considérable par la qualité du travail éditorial qu'elle met en oeuvre et par les informations qu'elle met à la disposition des lecteurs. Elle est complétée par une mise à jour bibliographique qui témoigne de l'importance quantitative (plus de 1600 entrées) et de la richesse des travaux effectuées depuis sur le grand ouvrage de Montesquieu. Ce volume contient l'introduction de Robert Derathé, les trois premières parties de L'Esprit des lois et la mise à jour bibliographique.
L'édition de L'Esprit des lois de Robert Derathé, parue en 1973, est considérable par la qualité du travail éditorial qu'elle met en oeuvre et par les informations qu'elle met à la disposition des lecteurs. Elle est complétée par une mise à jour bibliographique qui témoigne de l'importance (plus de 1600 entrées) des travaux effectuées depuis sur le grand ouvrage de Montesquieu. Ce volume contient les trois dernières parties de L'Esprit des lois, la Défense de L'Esprit des lois et la «table analytique des matières».
Alors qu'elle fut longtemps bannie de la scène, des deux côtés de la Manche, Titus Andronicus, l'oeuvre de Shakespeare réputée la plus sanglante, n'a jamais été autant jouée qu'à la charnière des XXe et XXIe siècles. La mise en scène contemporaine semble s'en saisir pour redéfinir les possibles du théâtre. A travers l'étude de dix mises en scène de Titus Andronicus, françaises et britanniques, nous avons cherché à décrire plus largement les caractéristiques d'une dramaturgie de l'effroi.
La littérature évoque, décrit ou célèbre les objets en donnant la préférence aux inutiles, aux vieillis ou aux insolites plutôt qu'aux utiles, aux neufs ou aux normaux. Le livre de Francesco Orlando, disparu en 2010, analyse ce paradoxe où le non fonctionnel prime sur le fonctionnel.
À la Renaissance se substitue au paradigme de la musica mundana une musique proprement humaine, qui renoue un dialogue avec l'âme, retisse un lien vivant avec la parole et l'éthique, assure la revalorisation de la corporéité, se faisant l'expression d'un chant capable de dire tout l'humain.
Le présent volume fournit l'édition critique des lettres que Christine de Pizan a écrites contre le Roman de la Rose, d'après le manuscrit le plus récent contrôlé par l'auteure. Il présente en outre pour la première fois un ample glossaire et une vaste étude linguistique du texte.
Cet ouvrage regroupe les connaissances sur René Char et de nouvelles approches sur son oeuvre. Ses recueils, lieux de vie, amitiés, lectures, prises de position politiques, littéraires, philosophiques, artistiques, les peintres sur lesquels il a écrit et les traductions dont il a fait l'objet y sont présentés.
Cette étude propose une vue sur la mise en scène du geste d'écriture et sur les conditions de production du texte chez Valère Novarina, qui tend à faire de l'oeuvre un jeu d'orientation et à faire du lecteur le rhapsode qui devra finalement recoudre une oeuvre souvent livrée comme un matériau à faire.
Cette édition des Maximes de La Rochefoucauld, établie dans sa version définitive par Jacques Truchet en 1999, reste un ouvrage de référence. En assumant dès l'avant-propos de se distinguer des éditions préexistantes, elle prend le parti, à l'aide d'un appart critique exigeant, de réunir l'ensemble des documents, des révisions et des variantes du texte aujourd'hui connus. C'est « un état présent des études sur les Maximes » qu'elle rend ainsi accessible au lecteur contemporain.
L'occasion de remettre au jour le chef-d'oeuvre du moraliste en lui donnant sa forme la plus fidèle et la plus complète, que son succès et ses maintes rééditions à travers les siècles auront risqué de faire oublier.
La Grande Tempête est la traduction de The Storm, publié par Daniel Defoe après la tempête de 1703. Il s'agit d'un recueil de 70 lettres témoignant des dégâts sur terre et en mer et de divers cas de protection divine. La critique présente ce texte comme le premier écrit journalistique de grande ampleur.
Trois choix culturels sont analysés dans l'introduction: la forme de la comédie à l'antique, l'invention du sujet (un pan de réalité française), l'octosyllabe. Les notes au texte affinent les attaches qui ancrent L'Eugène à son passé national en interrogeant la littérature satirique du XVe et du XVIe siècle, mais mettent aussi en valeur la présence de la culture de son temps.
Comment lire l'immense roman de Proust sans en oublier, au fur et à mesure, la majeure partie? Guillaume Perrier propose un nouveau regard sur le texte proustien en envisageant la question de la mémoire non pas du point de vue du héros ni de l'auteur, mais du lecteur. Rappels narratifs, structure allégorique ou encore espace romanesque sont rattachés au concept de mémoire contextuelle dans un essai qui fait appel aussi bien à la théorie littéraire qu'à la psychologie, la philosophie et l'histoire de l'art.
Paru en 1766, le Voyage de Robertson a connu peu après deux rééditions, puis est plus ou moins tombé dans l'oubli. Il relève d'un genre très pratiqué en son temps : le voyage imaginaire à finalité utopique. Comme tant d'autres voyageurs avant et après lui, l'Anglais Robertson après un long périple aborde aux rivages d'Utopie où règne une société harmonieuse et hors du temps. Initié par le traditionnel intercesseur il apprend à connaître cet univers où il fait si bon vivre, au point qu'il va rester soixante ans en terres australes avant de revenir en Angleterre, mais non pour s'y fixer. A la fin du roman, il repart pour son île où l'attend un bonheur qu'on devine perpétuel. L'oeuvre joue donc sur tous les codes de la littérature utopique, sans trop se soucier de vraisemblance. Car derrière le récit un message se cache, qui se fait de plus en plus explicite à mesure que Robertson s'initie aux délices de ce monde imaginaire. Le périple en terres lointaines est d'abord voyage dans le temps. Le lecteur est invité à découvrir une Australie imaginaire, mais c'est en fait pour y retrouver une utopie féodale, où deux classes radicalement séparées par un ordre social sans faille coexistent en une fusion sentimentale où tous et chacun trouvent leur bonheur.
Le livre est composé de trois textes de Yehoshue Perle: Juifs ordinaires (1932), roman autobiographique traduit du yiddish par J. Spector et présenté par Y. Niborski; L'Anéantissement de la Varsovie juive, présentée par N. Weinstock et G. Bensoussan; «4580», amère réflexion sur son identité réduite à un numéro.
Cette étude est un essai d'interprétation de l'expérience existentielle que serait le grotesque avant d'être une catégorie esthétique. À travers l'analyse de l'effet produit par quelques romans de Dostoïevski, Kafka, Henry Miller, Céline, Beckett, Günter Grass, Sony Labou Tansi, Gabriel Garcia Marquez, Philip Roth, l'auteur propose de voir dans le grotesque un mécanisme anthropologique fondamental que les sociétés mettent en place pour penser l'altérité et le changement.
L'ouvrage Déplier le temps : Israël Joshua. Un écrivain yiddish dans l'histoire de Carole Ksiazenicer-Matheron explore l'expérience littéraire en yiddish, attachée à dire à la fois la conquête du sujet et la perte de l'horizon collectif, l'autofondation moderniste et la réappropriation mémorielle.
L'ouvrage situe Julien Gracq dans son siècle et retrace les aspects essentiels de sa poétique, son rapport avec la littérature et les arts, ses engagements intellectuels, sa position devant l'histoire. Il présente le fonds légué à la BNF, et contient une bibliographie exhaustive de ses écrits.
Dans le premier tome de son monumental Evagatorium, Félix Fabri explique son oeuvre à ses frères du monastère, justifie la pratique du pèlerinage en Terre sainte, raconte son premier voyage (1480), si frustrant, et les premières étapes du second (1483), depuis le monastère d'Ulm jusqu'à Venise.
Dans ce deuxième tome des Errances, Félix Fabri raconte la traversée en mer de Venise à Jaffa, les tracasseries douanières à l'arrivée en Terre sainte, la course à dos d'âne jusqu'à Jérusalem, puis enfin la visite des lieux saints dont la description minutieuse et fervente occupe l'essentiel du quatrième traité.
Witold Gombrowicz, Czeslaw Milosz et Gustaw Herling, trois écrivains polonais majeurs du XXe siècle, ont cherché à transcender par leurs oeuvres l'exil géopolitique imposé par l'histoire. Que ce soit sous la forme d'une réunion des contraires étendant le périmètre de la contrée natale à l'univers entier, à travers l'idée d'un «noyau inentamable» en l'homme, ou bien par le moyen d'une «déviation» systématique des codes établis, ces trois projets littéraires explorent le lien entre condition d'exilé et modernité.