Comme le dit un judicieux personnage de Mark Twain, M. Tête de Pudding, un chou-fleur c'est simplement un chou qui a été au collège. Sa monstruosité s'explique par un excès d'éducation, mais c'est bien d'avoir une explication si poussée soit-elle, car nous avons ainsi l'heureuse satisfaction d'expliquer comment le chou-fleur en est venu à ce point. Or les champignons n'ont aucune éducation. Leurs formes affirment une méconnaissance totale de tout usage. Ils ne sont même pas monstrueux. Ambigus et radieux, ils tournent en dérision les plus élémentaires principes. S'ils se pourvoient de ce que l'on appelle un pied et un chapeau, chaque espèce, sur ce thème d'une pauvreté remarquable, s'ingénie à des variations dont la gratuité confine à l'insolence.
André Dhôtel
L'oeuvre d'Edith de la Héronnière est marquée par l'itinérance, le cheminement à petits pas en quête de pépites dérobées aux regards. L'auteur sait, par intuition, ce qui brillera ou non par le bain alchimique de la prose poétique.
Dans ces chemins nouveaux, l'ensemble des « traverses » dessine le sous-titre du livre : un « Grand Tour ». Et c'est la plume, l'acte même d'écrire qui fait surgir les souvenirs d'une vie en marche. La Dordogne et la Bourgogne, terres natales, ramènent à Vézelay, la terre d'adoption, dans un splendide « Voyage d'hiver » final.
Entre-temps, le lecteur suit la narratrice à travers les paysages ralentis d'Auvergne, les routes empierrées de la Sicile, l'ascension dantesque du Stromboli. La Sicile, coeur de l'oeuvre, coeur encore de cet ouvrage où plane le fantôme de Lampedusa dans les ruines de son palais perdu. Mais le tour se poursuit, nous mêle aux sables brûlants de la Vallée de la Mort. La nature, quand la chaleur devient fournaise, se fait pierreuse, minérale. Les gemmes abondent le long des chemins, mais dès que reviennent ombre et eau, ce sont les champignons et les plantes qui s'offrent à la contemplation.
Les chemins de traverse d'Edith de la Héronnière sont bien plus, et bien autre chose finalement, que de simples « choses vues ». La réflexion sur l'écriture (sa nature essentiellement sensuelle) se confond avec les chemins de la nature. L'ouvrage ouvre un champ peu exploré, véritablement envoûtant, sur le lien si étroit (et si mystérieux) unissant lignes tracées sur le papier et lignes sillonnant la terre.
S'approcher d'une vache, c'est entrer dans un univers de cornes, de cloches, de lait, de bouse, et parfois aussi de craintes. Ce grand corps en impose.
Bien sûr vous l'aimez, mais pas de trop près. Pourtant la vache ne cherche noise à personne. Indifférente aux tumultes humains, elle va toujours de son pas tranquille brouter l'herbe fraiche, secret du lait onctueux qui donne des joues rondes aux petits enfants.
Les animaux dits « nuisibles » ne cessent d'alimenter des polémiques sans fin. Chaque partie possède de bons arguments (du moins recevables) mais si l'impossible consensus échappe, c'est que les « bêtes noires », sujets des débats, échappent elles-mêmes...
Dans cet essai magistral, où l'auteure retrace l'histoire ancestrale du rapport si complexe entre l'homme et l'animal sauvage, on comprend la raison pour laquelle l'espoir d'une telle concorde juridique et sociétale est chimérique : c'est que le « troisième animal », selon l'heureuse expression de Pierre Michon, est par nature insaisissable.
La haine que l'homme voue depuis toujours aux carnassiers (fouines, putois, loups, renards, etc.), ces êtres que l'Histoire a peints en rouge et noir (le sang et le poison), exprime d'abord la terreur suscitée par « le Sauvage ». Derrière les combats bruyants relayés par la lumière des médias, il y a l'espace poreux de la « bête noire » où se déroule une vie honnie : activité secrète, silencieuse, nocturne, rapines, meurtres furtifs...
Julie Delfour nous fait comprendre, en fin de compte, que la meilleure connaissance du troisième animal se trouve dans certains polars. Ensuite seulement, on pourra se (re)mettre à discuter calmement.
À la recherche du temps perdu de Marcel Proust a rendu internationalement célèbre le nom de Ruskin. Mais l'image ainsi donnée de son oeuvre est biaisée, car John Ruskin (1819-1900) n'était pas qu'un spécialiste de Turner ou de l'architecture gothique.
Sa science s'étendait à la géologie, à l'histoire naturelle ou à l'économie politique. Le nombre de ses travaux, dans ces domaines également, est considérable.
Ces Écrits naturels réunissent, pour la première fois en français, quatre conférences d'histoire naturelle, dans lesquelles l'érudition prodigieuse de Ruskin s'allie à une verve humoristique déconcertante. Qu'il retrace le mythe d'Arachné, qu'il discoure sur le rouge-gorge, le crave à bec rouge ou sur les serpents, Ruskin se laisse entraîner par des réflexions beaucoup plus vastes, plus profondes, et toujours insolites. Un regard unique sur la nature, à découvrir de toute urgence.
En juin 1911, Kandinsky écrivait à Franz Marc : « J'ai un nouveau projet. Une sorte d'almanach avec des reproductions et des articles...
Et une chronique. Un lien avec le passé ainsi qu'une lueur éclairant l'avenir doivent faire vivre ce miroir... Nous mettrons une oeuvre égyptienne à côté d'un petit Zeh (nom de deux enfants doués pour le dessin), une oeuvre chinoise à côté d'un Douanier Rousseau, un dessin populaire à côté d'un Picasso et ainsi de suite. Peu à peu nous attirerons des écrivains et des musiciens. »
Issu d'une famille juive aisée, Karl Kraus (1874-1936), écrivain autrichien, a été hanté sa vie durant par la décadence de son temps et de l'humanité. Auteur de plusieurs essais il crée avec succès la revue Le Flambeau, laissant un nombre important d'aphorismes. Il prévient qu'un aphorisme n'a pas vocation à être vrai. Un aphorisme doit survoler la vérité et à la limite laisser planer le mystère. Rêvant d'être acteur, Karl Kraus fut apprécié pour ses célèbres lectures publiques.
Il avait l'art de donner un relief singulier à ses textes par ses inflexions typiquement viennoises afin de faire réagir le public. Parfois pour le faire rire. Aucune traduction n'étant parfaite, celle-ci n'a pas la prétention de l'être. Ayant plusieurs fois assisté, à des lectures relevant très exactement du contexte singulier où fut élaborée et transmise en premier lieu l'oeuvre de Kraus avant puis après la guerre, il me semble avoir conservé à l'oreille une manière de sous-entendu qu'un aphorisme doit porter en dépit de la banalité de son habillage.
Censeur impitoyable, caractère à la Paul Léautaud, aimant les jeux de mots et l'écriture dénuée de concessions, Karl Kraus avait horreur des journalistes, des hommes politiques, des intellectuels, des historiens et de l'art de son temps qu'il assimilait à un cosmétique. De son point de vue le libéralisme se confond avec l'hédonisme, les juges avec les bourreaux, la haute finance avec les maîtres de la boucherie, la psychanalyse représentant à ses yeux une vaste plaisanterie. Il détestait l'élite et ses plumitifs, se méfiant, en misanthrope, aussi bien des hommes que des femmes. Il prétendait que l'idée que l'on puisse améliorer le destin des peuples est une illusion. Il y a chez Karl Kraus une forme de jouissance à mettre en pièces tout ce que la société porte au pinacle. On s'en apercevra en dégustant ses aphorismes.
Les objets sont les os du temps (...) écrire un roman, par conséquent, ce sera non seulement composer un ensemble d'actions humaines, mais aussi composer un ensemble d'objets tous liés nécessairement à des personnages, par proximité ou par éloignement. (Butor, 1995). De ces trois versions du même jeu de massacre, l'écriture, celle du pédagogue (Genette), celle du géomètre (Butor) et celle du tireur (le garde-chasse Chaigneau), je n'entends que la dernière, celle où les plombs cinglent au-dessus de mes oreilles, où je pique la tête et relève, d'un coup de panache, la queue, feignant de tomber mort sur le coup.
Il se produit (ou pas) entre un texte et son lecteur, un événement d'une intensité extraordinaire. Je ne lis plus le texte, je le bois, et m'y abreuvant, j'ai lieu. Moi aussi je suis Heathcliff.
Lisant Proust, je me fiche du temps que dure le dîner chez la duchesse de Guermantes, de l'intervalle de temps qui sépare les séquences, de la répartition des convives et de celle des objets.
Lisant Proust, je mesure le temps à mon asthme. Je tousse donc je suis. Je crache un sang moussu.
Moi aussi, mes poumons sont atteints. Le renard tiré vivant est non seulement le renard qui va mourir, mais le renard de la fable. Je ne lis pas le texte du garde-chasse, j'épaule et, quand je presse la gâchette, je me retranche à l'autre extrémité du doute, là où le renard syncope, va syncopant, va feintant, va fabulant.
Les pages recueillies par Patrick Reumaux se succèdent comme celles d'un herbier. Les courts épisodes décrits laissent libre cours au passage des saisons, au vol des cormorans et des albatros, aux rapines des renards et aux jeux carnivores des belettes et des hermines. Ils ont pour décor le Somerset, où Llewelyn Powys passa toute son enfance.
Chaque fleur est nommée par son nom et dépeinte avec une précision affectueuse. Le paysage prend, sous sa plume, une vivacité de couleurs et de formes. Llewelyn Powys invite à la contemplation de l'éphémère en s'arrêtant sur des détails, en nous contant ce que le crépuscule et l'aube cachent au regard. Il livre des impressions, comparables aux Rêveries du promeneur solitaire de Rousseau, qui laissent à la nature, dans toute sa dimension poétique et métaphysique, le soin de nous émerveiller.
Michel Bouquet se manifeste, au long de ces entretiens, dans toutes ses contradictions. Il porte un regard lucide sur l'âme humaine et le déclin culturel et moral de notre monde.
Il s'approche de la mort, s'y préparant en toute quiétude et se rapprochant de plus en plus du passé, des auteurs, du théâtre qui demeure son seul refuge. Bouquet apparaît comme le narrateur de la Recherche du temps perdu de Proust, se rendant compte que les vrais paradis sont les paradis qu'on a perdus. Non qu'il soit passéiste, mais simplement porteur d'une splendeur passée, d'un idéal humaniste qu'il a pu voir de ses yeux, prenant conscience du siècle qu'il a traversé et du temps qu'il retrouve à la fin de son voyage, voyant briller l'étoile qu'il a suivie depuis le commencement.
Ce serait cela, la vocation, une étoile qui protègerait tous les rêveurs. Bouquet se distingue comme un homme d'un autre temps, un ascète rigoriste animé par une foi profane et existentielle, se plaçant en retrait des auteurs qu'il vénère comme des idoles. Le théâtre est sa seule et unique religion.
La question qu'il pose tout au long de ces entretiens, se résume en ces termes : comment vivre sans croire ? ou bien même, plus profondément : comment vivre sans croire au théâtre ?
Viatique rigoureux et précis sur le travail de l'acteur, La Leçon de comédie est l'antidote parfait à tous les grands discours et les petites phrases sur le théâtre, à tous les préjugés et autres théories réductrices sur ce métier qui n'en est pas un.
Théories affirmant que pour jouer, il faut être naturel, " comme dans la vie que le comédien est la marionnette, l'instrument du metteur en scène roi, que le texte est un prétexte, et le théâtre un lieu de divertissement bien inoffensif et suranné. Non, tout le monde ne peut pas être comédien et oui, il y a un art de l'interprétation. Michel Bouquet, à travers ce livre, lui redonne toute sa valeur, toute sa signification.
Gabriel Dufay
Dans la production théorique et critique anglosaxonne contemporaine, Feux croisés fait figure d'ouvrage novateur par son mode de présentation fragmentaire, renouant avec la tradition moraliste française, et son ambition encyclopédique, qui tourne le dos à la spécialisation propre à la recherche universitaire. Son propos critique, étayé par une pensée rigoureuse et une érudition sans faille, servi par une langue subtile et nuancée, n'en garde pas moins une légèreté de ton qui le met à la portée d'un large public.
Ces raisons ont mené Miguel Abensour à faire entrer Feux croisés dans sa collection « Critique de la politique » aux côtés d'autres recueils de fragments auxquels il fait écho (Bloch, Horkheimer, Adorno).
La fascination que le dandy exerce tient à son image habituelle : une élégance tant matérielle que spirituelle ; une singularité affirmée dans un monde de plus en plus marqué par l'uniformisation ; un être impassible, à l'abri de toute émotion et de toute souffrance.
Pourtant l'étude attentive de Brummell, premier et peut-être seul dandy, révèle une tout autre figure : un être à la frontière de la vacuité et de l'effacement, saisi et contraint par l'incertitude.
Après Brummell, les trajets du dandysme éclatent et se diversifient. Modèle de l'élégance dans les salons, le dandy devient aussi un personnage de roman. Dans les oeuvres de Baudelaire et de Barbey d'Aurevilly, il est un type théorique, un héros de la vie moderne pris entre deux aspirations politiques, la nostalgie aristocratique et la curiosité pour l'aventure démocratique. L'obligation d'incertitude demeure. En passant dans l'oeuvre, elle investit une écriture confrontée à la menace de son effacement.
Cet ouvrage tente de mettre en lumière, en même temps que la poétique des Fables, l'imaginaire qui lui est sous-jacent, la représentation implicite que se fait La Fontaine de son travail : les structures mentales, intellectuelles, affectives, qui ont présidé à l'élaboration de son regard critique sur la manière, la matière et l'effet de son oeuvre.
En rétablissant la poétique imaginaire que le fabuliste n'a pas composée, on espère jeter un peu de jour sur l'imaginaire de sa poétique, l'en-deçà où elle s'est élaborée, à partir d'expériences esthétiques et littéraires variées, de lectures savantes et plus souvent dilettantes, de désirs, d'images et d'intentions influencés par son temps, son public et son goût propre.
S'appuyant sur une histoire longue, la littérature de jeunesse est un secteur important de l'édition.
D'emblée internationale et profondément renouvelée depuis les années 1970, elle conteste les frontières des genres en mêlant traditions et innovations. ce livre observe ce que devient la littérature avec la littérature jeunesse, aujourd'hui plus qu'hier. se référant aux oeuvres incontournables, il montre la force de l'oralité, en écriture et en lecture, en texte et en image. des rêveries aux aventures, des comptines aux contes, des témoignages aux fictions, une anthropologie poétique se dessine : quelle littérature pour la jeunesse ? celle qui toujours commence !.
Dans le paysage de la littérature française contemporaine, Annie Ernaux occupe une place de tout premier plan, par son abondante production d'abord; parce qu'elle a été récompensée par de nombreux prix et scientifiquement commentée ensuite; parce qu'elle réalise ce paradoxe d'être tantôt encensée ou calomniée - en raison de sa trop grande popularité; enfin, par son étrange revendication de « rester », selon ses propres termes, « d'une certaine façon, au-dessous de la littérature ».
Les diverses contributions ici rassemblées l'ont été à l'occasion d'une journée Ernaux, à l'université de Liège: elles furent produites peu après la parution des Années. Elles esquissent quelques lignes de force dessinant, chez l'auteur, un imaginaire entre dépossession et accumulation saturante; elles ne cessent d'interroger, de livre en livre, le passage du passé, son affleurement dans des moments ressuscités, qui semblent conjuguer insignifiance des faits relatés et intensité vibrante des évocations du « jamais plus »; elles pointent, enfin, la force agissante, structurante et destructrice du social dans ce que nous pensions intime ou personnel.
Ce livre, complément de Glissements du roman français au XXe siècle (Klincksieck), évoque un siècle de roman féminin, du Visage émerveillé de la Comtesse de Noailles en 1904 à Rosie Carpe qui valut le prix Fémina à Marie Ndiaye en 2001.
L'auteur procède par grands regroupements, mais pour mieux mettre en valeur des oeuvres représentatives. S'il met en doute que l'écriture féminine soit AUTRE, il est persuadé qu'elle mérite d'être dite à voix HAUTE et qu'il faut envisager avec sérénité l'avenir de la littérature française.
Pendant des siècles, en raison des interdits pesant sur leur sexualité, les femmes ont noué une complicité culturelle privilégiée avec l'art d'aimer, au détriment de l'exploration de leur propre érotisme. Longtemps exclues du registre érotique peu conforme à leur identité de genre, des écrivaines pionnières osent cependant s'en emparer au XXe siècle sans renier pour autant leur connivence avec le code sentimental de l'amour. Avec Histoire d'O, leur entrée scandaleuse dans un champ fait par et pour les hommes passe par l'Éros obscur comme si elles ne pouvaient aimer sans se soumettre, sans se démettre, sans renoncer à ellesmêmes.
Aujourd'hui, l'érotisme littéraire féminin tend à se vulgariser. Mais si l'« amour fou » de Pauline Réage devient avec Cinquante nuances de Grey une simple affaire de « négociation », d'autres auteures redonnent du sens aux sens, réenchantent le sexe et recréent des interdits afin de vivifier ce maître-mot de l'Éros féminin : le désir.
Illustré de somptueuses images ad hoc , Faucon est davantage qu'un essai sur les faucons.
Comme elle l'écrit dans la préface, Helen Macdonald travaillait à sa thèse de doctorat à l'Université de Cambridge quand elle a commencé à écrire ce livre, qui s'adresse à un lectorat de non-spécialistes, et ce dernier a fini par remplacer sa thèse. Et d'ajouter que « toutes les anecdotes et les histoires que je me réjouissais d'insérer dans ce livre - l'épisode de la mafia qui menaçait de chasser un fauconnier hors de New York parce que son faucon mettait en péril le réseau criminel des pigeons voyageurs ; des histoires de danseuses à l'éventail, de pilotes de chasse et d'astronautes, outre les magouilles diplomatiques de la famille royale au début du XXe siècle -, bref, tout ce qui n'avait pas sa place dans ma thèse de doctorat allait en trouver une ici. Et ce fut un travail captivant et profondément absorbant que de relier des faits réels, des anecdotes et des images pour aborder certaines facettes du rôle que nous jouons sur la terre sous l'angle de notre rapport avec les faucons ».
Faucons
Cet ouvrage propose une interprétation globale de l'oeuvre de Molière à partir d'une interrogation sur le secret de sa poétique.
Il suggère que ce secret consiste dans la conjonctions contradictoires : celle de peindre les moeurs de son temps, qui implique la vraisemblance ; celle de donner à rire, qui suppose l'outrance de la caricature. Pour les combiner, il a suffit au poète de considérer que les difformités caricaturales sont le fait de ses modèles humains et de leurs extravagances : dès lors que la réalité sécrète elle-même du ridicule, c'est le respect de la vraisemblance qui requiert l'outrance comique.
Le livre inventorie les composantes de l'esthétique du ridicule qui découlait de cette optique. Il définit l'éthique du naturel, de la lucidité, de l'élégance, incarnée elle aussi sur la scène comique pour donner relief aux incongruités et aux folies humaines. Il envisage de nouvelle venue la philosophie de la nature, ou plutôt la sagesse naturelle et hédoniste qui constitue l'horizon de cette confrontation.
Il s'achève par une interrogation sur " l'humanité comique " selon Molière, sur l'anthropologie qui fonde sa vision. S'en dégage une image renouvelée de son oeuvre, fondée sur l'analyse historique des modèles intellectuels et esthétiques de son temps, sur l'examen de ses textes théoriques, sur l'étude précise et comparée de ses pièces.